Sixième permission du 29 juin au 13 juillet 1917. - Ernest Olivié - Grande Guerre 14-18

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Sixième permission du 29 juin au 13 juillet 1917.

1917 > Cote 304/Mort-Homme

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- Vendredi 29 juin 1917 -


A 3 h on est sur pied, et à 5 h on part en groupe, escortés par un éclaireur à pied qui nous conduit à Fromeréville, où nous devons attendre jusqu'à 1 h de l’après-midi.
Je vais dire la Ste Messe chez les C.B.D. avec lesquels je passe une bonne partie de la matinée. La pluie nous accompagne au départ.
Nous apprenons que la 5e Compagnie a dû remonter en ligne à 7 h du matin : nous sommes bien partis à temps. On plaint les pauvres camarades qui s'attendaient à partir au grand repos et qui ont dû précipitamment remonter, Dieu sait pour quelle besogne.
A 5 h, nous embarquons sur le (illisible) à Nixéville ; voyage très lent jusqu'à Revigny (-sur-Ornain) où nous n'arrivons que vers 23 h. On achète quelques provisions...

- Samedi 30 juin 1917 -

... On se restaure un peu, puis on fait un somme sur le trottoir jusqu'à 5 h du matin, où nous prenons la direction de Jessaint ; nous y parvenons vers 10 h. Arrêt d'une heure ou deux. Vers midi, en route pour Orléans par Troyes et Montargis. La marche est ici plus rapide. On change de train à Orléans et à Brive où nous arrivons vers 7 h du soir.

- Dimanche 1er juillet 1917 -

Je prends la direction de Toulouse où j'arrive à 11 h 45. Sans difficulté, je sors en ville et m'en vais directement chez ma sœur Eugénie. J'ai la joie de retrouver son mari Louis Fournil) avec elle : il doit repartir mardi. Il est arrivé à temps pour assister à la Sainte Communion de la petite Denise. Marie vient nous rejoindre dans la soirée ; on passe quelques agréables moments ensemble. A 5 h (17 h) nous allons assister au salut du Saint-Sacrement.

- Lundi 2 juillet 1917 -

Sainte Messe à Notre Dame de Nazareth à laquelle assistent mes deux sœurs, les petites filles et mon beau-frère qui me voit pour la première fois monter à l'autel. En sortant, déjeuner, puis visite au musée de guerre du Capitole. Quelques beaux trophées boches : biplan, canon de 77 que je n'avais jamais vu de si près ; beaux spécimens d'engins français de tous calibres et de toutes formes ; objets divers fabriqués par les Poilus, quelques-uns sont de vrais chefs-d’œuvre.
Vers 10 h nous montons à la rue Solférino voir notre cousine Marie (Marie-Pauline Ferriol) dont le mari prisonnier depuis janvier lui a envoyé de bonnes nouvelles. La maman n'a rien retrouvé de sa lucidité. Pauvre femme, que Dieu lui fasse grâce ! A 12 h, dîner chez Eugénie. Marie veut bien y prendre part.
Puis à 17 h, c'est encore la séparation, je prends le train de Capdenac et j'arrive chez ma sœur Louise à 21 h 30, elle est en service, des voisins m'accueillent chez eux en attendant son retour.

- Mardi 3 juillet 1917 -

Ste Messe à Capdenac. M. le Curé est toujours fort aimable. A 13 h, je monte à Auzits en compagnie de Louise qui est fourgonnière dans ce train-là. Je fais tomber ma permission de la veille pour ne pas être trop en retard. J'ai la joie de retrouver Maman et ma sœur Clémence en bonne santé.

- Mercredi 4 juillet 1917 -

Ste Messe à Testet où je ne retrouve pas M. le Curé. Journée délicieuse dans le calme impressionnant de la campagne, surtout l'odeur des foins coupés, des blés, des vignes, de tous les fruits de la saison. Je constate avec joie que la récolte s'annonce fort belle.

- Jeudi 5 juillet 1917 -

Je vais célébrer la Ste Messe à Glassac où je vois M. le Curé. Le soir, visite à mon frère Baptiste que j'accompagne à Auzits.


- Vendredi 6 juillet 1917 -

Ste Messe à Testet. Maman et moi, nous préparons le sulfate de cuivre pour le traitement de la vigne que je dois faire le lendemain.

- Samedi 7 juillet 1917 -

Lettre de Marius, très bienvenue, car on se préoccupe vite à son sujet. Rude journée pour le sulfatage. La pluie se met même à tomber, sur le soir.

- Dimanche 8 juillet 1917 -

Ste Messe à Glassac à 6 h. Puis je monte à Rodez pour y passer la journée. J'y arrive vers 10 h. J'assiste à une partie de la messe de la Cathédrale. Puis je vais voir quelques amis à Ste Marie (c'était un lycée de Rodez), MM. les abbés Rouquier et Pouget en particulier. Tous deux veulent m'inviter à dîner. M. Pouget m'entraîne au Séminaire où il est chargé de faire les honneurs aux visiteurs. Il est le seul directeur, M. le Directeur étant absent.
A Vêpres, chez les sœurs Franciscaines. Le chant est exécuté à la perfection ; c'est un vrai régal de l'entendre. Je constate cependant qu'il n'y a plus de soldats parmi les assistants, tandis que durant la 1 ère année de guerre, ils y étaient nombreux. Même remarque pour la Ste Messe de la Cathédrale. L'indifférence gagne partout du terrain.

A 16 h, je reprends le chemin du pays. A la maison, je trouve Louise.

- Lundi 9 juillet 1917 -

A 5 h du matin, je prends le train jusqu'à Cransac d'où je me rends au Gua, causant une bonne surprise à M. le Curé qui m'accueille à bras ouverts. Je célèbre la Ste Messe à la chapelle de N.D. de Lourdes. Je vois le P. Brugidou des Missions Etrangères, en permission lui aussi. A 11 h, je suis à Aubin parmi les parents (parenté du côté de la mère d'Ernest). Rosa n'est pas là. Après une journée bien remplie et bien intéressante, je prends le train à 20 heures.

- Mardi 10 juillet 1917 -

Ste Messe à Testet à 5 h 30 pour le repos de l'âme d'un ancien camarade de combat : Bousquet, d'Hymes. Journée tranquille, mais déjà un peu sombre. De part et d'autre, on sent un peu de tristesse à l'approche du jour de départ, qui est jeudi soir.

- Mercredi 11 juillet 1917 -

Ste Messe à Glassac où M. le Curé veut bien m'inviter à déjeuner. L'après-midi, je fais quelques travaux urgents.


- Jeudi 12 juillet 1917 -

Ste Messe à Testet, et préparation de départ, toujours fort ennuyeuse et bien triste. La pauvre Maman contient assez bien les sursauts de son cœur : pauvre Mère ! Combien elle a souffert toute sa vie, depuis qu'elle est mère surtout, pour nous élever ! Et pourtant, elle avoue que tout cela n'était rien à côté de ce qu'elle souffre à présent. Que Dieu veuille tenir compte de toute cette immense douleur et lui préparer une place de choix dans le ciel ! Qu'il daigne aussi - si telle est sa volonté - lui épargner trop de malheurs !
A 17 h, en route. A Aubin, Rosa veut prendre place à côté de moi pour m'accompagner jusqu'à Capdenac, où elle trouvera sa mère. A Capdenac, j'ai quelque peine à me tirer des mains des gendarmes et des contrôleurs qui gardent les issues. Je m'en tire cependant en enjambant une barrière, et me voilà chez ma sœur jusqu'à demain au soir.

- Vendredi 13 juillet 1917 -

Ste Messe à Capdenac à 7 h. Journée délicieuse, quoique très chaude, en compagnie de ma sœur et de sa petite famille. A 19 h, nouvelle séparation, qui me laisse encore le cœur gros. Heureusement que je fais la rencontre d'un confrère soldat, l'abbé Bouby, qui fait route avec moi jusqu'à Troyes. On cause un peu de tout et de tous. Je ne l'avais pas vu depuis au moins cinq ans. Le voyage est rapide, sans longs arrêts dans les gares, sans trop de bris de vitres surtout. (?)


Suite : Repos à Fains.



 
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