Front Champagne #2 : Somme-Suippe, Souain, Trou Bricot, la Baraque ---- 322e R.I. ----- - Ernest Olivié - Grande Guerre 14-18

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Front Champagne #2 : Somme-Suippe, Souain, Trou Bricot, la Baraque ---- 322e R.I. -----

1915 > 2e bataille de Champagne (sept. - décembre 1915 )

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Repos à Somme-Suippe.

- Lundi 18 octobre 1915 -


Réveil un peu précipité : on vient nous annoncer que nous allons en arrière et que les Bataillons sont déjà rassemblés. Nous avons vite fait de plier bagage et en avant ! Tout le monde est content d'aller respirer un peu à l'aise à l'abri de la mitraille. On sait qu'on va à Somme-Suippe. La route paraît courte, on arrive à 9 h. Vite à l’œuvre pour se débarbouiller, c'est un vrai régal et une nécessité urgente.
Bombardement formidable au loin. Travaux de propreté durant toute la journée. Prières et bénédiction à l'église : peu de soldats, l'heure étant défavorable parce qu'elle concorde avec celle du souper. Nuit délicieuse sur une bonne paille fraîche.

- Mardi 19 octobre 1915 -


Lever à 5 h 30. Ste-Messe à l'église. Vrai régal pour nos âmes de prêtres privés depuis plusieurs jours du St-Sacrifice et de ces pieuses enceintes. Le reste de la journée se passe à divers travaux utiles ou agréables. Mois de Marie le soir à 6 h à l'église : chapelet et bénédiction. Un peu plus de soldats qu'hier au soir, mais ce n'est pas la masse : l'heure reste toujours défavorable et c'est fâcheux.

- Mercredi 20 octobre 1915 -


Répétition de la journée d'hier. Il n'est pas encore question de départ. Calme de l'artillerie. Nouvelles contradictoires au sujet des démêlés balkaniques ; les journaux paraissent embarrassés sur cette question, en particulier sur les attaques bulgares contre les Serbes. L'avenir nous dira mieux ce qu'il en est. Nos journées se passent à lire les journaux, à écrire : c'est tout à fait intéressant et bien propre à faire oublier les fatigues et les horreurs des tranchées. Le soir, chapelet et bénédiction du T.S. Sacrement à l'église : l'assistance est plus considérable aujourd'hui. Plusieurs soldats, trop peu hélas ! se confessent à l'issue de la cérémonie.

- Jeudi 21 octobre 1915 -


Rien de spécial à signaler, sauf l'annonce de notre départ aux tranchées pour demain soir. On s'y attendait bien. Aussi confessions plus nombreuses le soir à l'église.

- Vendredi 22 octobre 1915 -


Matinée passée comme à l'ordinaire. Il y a contre ordre et notre départ est encore ajourné : nous ne nous en plaignons pas. Au contraire, tout le monde désire voir notre repos se prolonger, car vraiment, c'est du bon repos, bien fait pour nous faire oublier les fatigues et les ennuis des jours passés aux tranchées. Situation toujours critique pour la Serbie, mais les nouvelles semblent se préciser un peu plus, sans devenir bien meilleures.

- Samedi 23 octobre 1915 -


Rien à signaler, toujours mêmes occupations, même repos. Quelques confessions le soir, après le mois du rosaire. Le canon gronde assez violemment.

- Dimanche 24 octobre 1915 -


Ste-Messe à 6 h. A 9 h, messe pour les soldats. A vrai dire, il y en a peu de notre bataillon qui puissent y assister, étant donné qu'à cette heure-là, ils rentraient à peine de l'exercice. En prévision de cela, M.Foucras s'est réservé pour une messe à 11 h 30. On avait cru bon, pour attirer davantage de soldats, de l'annoncer comme messe à l'intention des soldats morts du bataillon. Le Commandant en a eu vent et nous a fait reproche de ne pas l'en avoir prévenu. De fait, nous avons manqué de tact, mais la vraie raison, c'est que plusieurs fois on s'était attiré de sa part de grandes difficultés pour organiser des cérémonies de ce genre.
A 11 h 30, la messe a lieu : très nombreuse assistance, absoute à la fin. Vêpres à 14 h. Pas beaucoup de soldats, prédication, chapelet : c'est un peu trop long. Promenade avec les amis. Dîner et à 18 h bénédiction et chapelet pour les soldats : encore pas mal de monde.
Vu au passage Redoulès S.S de Rodez.

- Lundi 25 octobre 1915 -


On apprend la prise d'une partie de la butte du Mesnil : très heureux résultat que l'effroyable canonnade de ces jours-ci a dû habilement préparer. Elle continue du reste, jour et nuit. Mais elle n'est pas seulement de notre côté, l'ennemi riposte violemment. On annonce officieusement notre départ pour demain au soir ; destination : côté gauche de Souain, secteur calme paraît-il.

- Mardi 26 octobre 1915 -


Ste-Messe à 6 h. Le canon gronde toujours : c'est effrayant ! Journée ordinaire toute de repos. Le bruit court que nous allons monter en ligne, mais encore une fois, c'est démenti. On annonce même qu'on ne montera aux tranchées que le 29 au soir.

- Mercredi 27 et jeudi 28 octobre 1915 -


Rien de spécial à noter.


Au front, vers la butte de Souain.

- Vendredi 29 octobre 1915 -


Enfin notre départ est fixé à ce soir. Derniers préparatifs. On tâche de goûter encore mieux les délices de notre chère guitoune. Ste-Messe comme d'habitude. A 14 h 30 nous quittons Somme-Suippe. Nous allons rejoindre le 6 e Bataillon dans son bois.
Après jonction des 2 bataillons, nous assistons à la décoration de notre colonel qui est nommé officier de la Légion d'honneur. Cela nous vaut de rester une bonne heure avec le sac sur le dos. J'étais absolument exténué, car mon sac était bien lourd, et puis on avait déjà perdu l'entraînement. Pause de 10 mn. Puis en avant pour le front. Quinze km nous en séparent. Marche fatigante, parce qu’irrégulière. On croise toujours des convois de toutes sortes. Bientôt nous croisons les anciennes tranchées boches. Maison forestière. Trou Briquot. Puis 3 ou 4 km d'affreux boyaux tortueux et étroits. Très fatigué à porter notre cher autel portatif qui nous servira peut-être à célébrer la Ste-Messe.
Nous arrivons enfin vers 22 h. Nous remplaçons le 81 e d'Infanterie. Secteur tranquille, nous assure-t-on. Il n'y a eu qu'un blessé pendant 6 jours. De fait, nuit calme. Nous trouvons à nous installer dans de superbes "cagnas" boches. On n'a que l'embarras du choix ; elles sont très confortablement installées : planchers et lambris du côté de la terre, poêles dans chacune d'elles, lits confortables, c'est épatant ! On ne peut qu'admirer l'aspect pratique de ces gens-là, et aussi leur façon d'utiliser les ressources du pays ! Il est vrai que cela dénote peu de délicatesse de leur part.
Nuit calme, réveil tardif.


- Samedi 30 octobre 1915 -


Le calme des premières heures nous engage à dire la Ste-Messe. Nous n'avons aucune peine à trouver un autel tout dressé dans une de ces cagnas. Tous 3 nous pourrons tranquillement célébrer le St-Sacrifice et faire descendre N.S. dans ces abris qui ont caché nos ennemis, et aussi peut-être les siens.
Le bombardement sérieux fait place au calme, il dure toute la journée. Fusillade aussi dans l'après-midi. Et cependant peu de blessés, mais quelques morts. Nous restons au poste de secours, attendant qu'on nous appelle si besoin il y a. Je gémis bien un peu d'être obligé de rester là inactif, pendant que les camarades peinent aux premières lignes mais, réflexion faite, j'ai vu que mon devoir m'appelant là où j'étais, je faisais la volonté de Dieu.
Du reste nous courons autant de dangers que ceux des premières lignes, car obus et bombes pleuvent de notre côté. Point de blessé à transporter pendant la journée, donc point de fatigue. Veillée prolongée dans notre guitoune. Nous attendons le ravitaillement jusqu'à 23 h. Entre-temps on récite le chapelet, mais ce sont des heures bien ennuyeuses.

- Dimanche 31 octobre 1915 -


Lever matinal à cause du ravitaillement que nous allons prendre à 3 km d'ici, en suivant un boyau. Retour pénible. Ste-Messe à 8 h au poste de secours du 6 e Bataillon. Mon confrère l'abbé Tercy a dit sa messe aux 1ères lignes dans la cagna d'un lieutenant. L'abbé Foucras dit la sienne à la 19e C nie qui est en réserve, enfin l'abbé Ditte au poste de secours du 5e Bataillon. Partout assistance recueillie et nombreuse malgré l'étroitesse des lieux et les occupations multiples de la plupart des soldats. Travaux de terrassement pendant le reste de la matinée. L'après-midi, je vais parcourir les premières lignes, m'efforçant de dire à chacun quelques paroles d'encouragement. Je vois quelques fervents à qui je propose de porter la Ste-Communion demain, jour de Toussaint. Ils acceptent avec joie et deux d'entre eux demandent à se confesser sur-le-champ : belles âmes que Dieu doit considérer d'un regard bien doux.
Ma soirée se passe ainsi à parcourir les 1ères  lignes. Tout y est calme, point de bombes et pourtant les lignes boches ne sont point très éloignées. On les distingue très bien à travers les créneaux et les réseaux de fils de fer. Je rapporte de cette visite une excellente impression. Veillée, chapelet.

- Lundi 1er novembre 1915 -


Fête de la Toussaint. Ste-Messe à 8 h au poste de secours du 6 e Bataillon : un peu pressés car nous avons dû interrompre la visite des malades. Assistance nombreuse et très recueillie. Travaux d'aménagement au poste de secours. Un peu de repos dans l'après-midi. Je veux monter en 1 re ligne, mais justement à l'heure où je voulais y aller, il a fallu partir au ravitaillement.
À 3 h du matin, nous sommes appelés à aller chercher des blessés en 1 re ligne : il y en a 3. Une mitrailleuse les a surpris en train de poser des réseaux de fils de fer sur la tranchée : blessures assez graves, mais pas mortelles semble-t-il. Transport très dur jusqu'au poste de la division, à travers un boyau étroit et tortueux. Grâce à Dieu, la santé va pour le mieux. C'est au retour que je dis la Ste-Messe.

- Mardi 2 novembre 1915 -


Fête des Morts. Ste-Messe à 6 h. Ravitaillement. Au retour, il faut aller chercher des blessés en 1 re ligne. Hélas ! ils sont morts quand nous arrivons. Du reste, ils n'ont survécu que quelques instants à leurs horribles blessures. Une bombe boche les a surpris dans un poste d'écoute : transport au poste de secours et enterrement. Ravitaillement de nouveau : vraiment ce n'est pas une journée de tout repos.
A 19 h, au moment où j'étais bien tranquillement en train de faire ma correspondance, je reçois ordre de me rendre en 1 re ligne avec des brancards. On nous dit que c'est pour sortir des cadavres qui sont entre les 2 lignes depuis l'attaque, c'est-à-dire depuis un mois. On nous demande comme service (lieutenant Trémolet) de faire cette triste besogne. L'ami Foucras enjambe le parapet et, à la faveur des ténèbres, aidé par un soldat de la C nie, va à la recherche des cadavres qu'il amène jusqu'au parapet. Nous les saisissons là et nous les portons dans un boyau inutilisé où ils attendront que nous les descendions demain pour les ensevelir. Horrible besogne. Les pauvres cadavres sont en décomposition et exhalent une odeur nauséabonde. Dieu me donne le courage de l'accomplir sans défaillance. Nous en transportons 7 ainsi. Mais le travail devient plus dangereux, car l'attention des Boches a été éveillée par le bruit que font plusieurs de nos camarades qui posent des réseaux de fils de fer. Ils nous envoient même quelques balles qui, heureusement, ne portent pas. Nous suspendons notre travail pour ce soir. Il est 23 h quand je me couche. Je suis fatigué, mais je suis tout de même content, car ma journée a été bien remplie, et par conséquent méritoire pour mon âme. Je l'offre bien au Bon Dieu et je m'endors avec devant les yeux l'horrible vision de tout à l'heure, et l'odeur cadavérique reste encore dans mon nez. Cauchemar pendant la nuit.

- Jeudi 4 novembre 1915 -


Réveil un peu tardif. Ste-Messe, puis la matinée se passe au transfert et à l'ensevelissement des 7 cadavres. Ils sont tous des soldats du 36 e colonial : c'est bien triste cette besogne-là et peu agréable. Sur leur tombe : un "De profundis". Dans l'après-midi, je fais des croix pour la tombe de plusieurs morts. Soirée calme, nuit de même.

- Vendredi 5 novembre 1915 -


On vient nous prévenir qu'il y a un soldat tué à la 20 e C nie. C'est pendant que nous disons la Ste-Messe, aussi je ne fais pas partie de l'équipe qui va chercher sa dépouille en première ligne. Sépulture du mort. Corvées diverses. Je vais au poste central pour prendre des pansements. Rencontre de Labadie. Après-midi calme. Je monte aux tranchées voir l'ami Foucras. Nuit paisible.

- Samedi 6 novembre 1915 -


A 6 h Ste-Messe après laquelle je monte aux tranchées remplacer M. Foucras pour qu'il puisse aller à son tour célébrer la Ste-Messe. Il est indisposé : je lui conseille d'aller se reposer un peu au poste de secours et m'offre pour le remplacer. Séjour tranquille en première ligne. Le temps paraît un peu long. J'en profite pour faire quelques visites aux camarades qui sont aux créneaux.

Route de Tahure à Souain.

Le soir à 20 h 30, nous sommes relevés par la 18 e C nie. Nous allons nous poster en réserve sur le bord de la route de Tahure à Souain. Je m'installe dans une "cagna" assez confortable. Mais n'y en a point qui puisse résister aux grosses marmites. Heureusement, ils n'en lancent point aujourd'hui par ici. En revanche le bois de la cote 193 où se trouve le poste de secours est copieusement arrosé d'une quinzaine de 105.


Heureusement, les somptueuses cagnas qu'ils avaient installées à cet endroit-là résistent bien, de sorte qu'il n'y a point d'accident.


- Dimanche 7 novembre 1915 -


Lever un peu matinal. Je dois remonter au poste de secours pour y prendre l'autel portatif de l'ami Ditte. Je puis célébrer la Ste-Messe à ma Cnie au bureau même qui se trouve dans une solide cagna. Malheureusement elle est toute petite et je ne puis y inviter que quelques camarades. Quel dommage qu'on ne puisse pas dire la messe en plein air ! Mais c'est trop dangereux. Journée calme, un peu ennuyeuse faute d'occupation fixe.
Reçu bonnes nouvelles de la maison. Veillée au coin du feu, en famille, on lit le Pèlerin.


*** FIN DU CARNET N° 3 ***



- Lundi 8 novembre 1915 -


N'ayant pas l'autel portatif à proximité, il m'est impossible de dire la Ste-Messe. Ma journée me paraît par suite bien plus vide. Dieu tient compte de la bonne volonté. Deus intuitus cor. N'empêche qu'on n'a plus pendant la journée la même facilité pour élever son âme vers Dieu et penser à Lui. Il est vrai qu'aujourd'hui je m'attache trop à certains petits travaux de métallurgie qui m'absorbent complètement et m'empêchent même de penser à Dieu. Il faudra que je me surveille demain.

Donc pendant toute la journée, je coule de l'aluminium boche pour en tirer certains objets : bagues, croix, etc.
Le soir, chapelet au grand air. Veillée.



Tranchée de Hansbourg, près du trou Bricot.


- Mardi 9 novembre 1915 -


Je suis encore privé de la Ste-Messe et ça me cause de la peine car je sens combien c'est l'action importante de la journée et que quand elle ne rentre pas dans ce cadre, ce dernier paraît bien vide. Je fais tant bien que mal mes petites dévotions, mais je n'ai guère de la tranquillité pour cela : occupations semblables à celles de la veille. A 6 h du soir, contrairement à ce qui était prévu, nous sommes relevés pour aller prendre place plus en arrière, dans l'ancienne tranchée boche, dite tranchée de Hansbourg, à proximité du trou Bricot. On y arrive en pleine nuit, d'où grandes difficultés pour trouver place dans des petits abris creusés jadis par les Boches. On s'y installe pour le mieux et on dort tranquillement pendant qu'en face nos grosses batteries de 120 et autres tonnent.
Nuit calme.

- Mercredi 10 novembre 1915 -


De nouveau, changement de domicile, on se met plus au large dans de meilleurs abris : nous sommes tous réunis, les brancardiers, près du poste de secours. Je retrouve aussi la compagnie des amis Foucras et Ditte dont j'avais été séparé pendant quelques jours, c'est pour moi une joie. Nous ne pouvons pas dire la Ste-Messe, faute d'abris suffisants. Du reste nous n'avons guère de vin blanc. Nous allons tâcher de nous en procurer dans la journée par l'intermédiaire de M. l'aumônier (P.Cholet).
Journée tranquille, pendant laquelle chacun s'installe le plus confortablement possible. Le soir, chapelet au grand air.

- Jeudi 11 novembre 1915 -


Point de messe encore aujourd'hui. Journée triste à cause du mauvais temps : vent et pluie, c'est affreux surtout pour les pauvres malheureux qui sont en ligne ; les heures de créneaux sont interminables.
Quant à nous, nos abris sont à peu près suffisants pour nous garantir de la pluie ; plusieurs sont même confortables et on peut y allumer du feu. Mais au dehors, c'est un affreux bourbier : les chemins sont défoncés et les attelages ne peuvent plus en sortir.
C'est affreux la guerre en hiver ! Que Dieu voie nos souffrances et veuille bien les inscrire au livre des comptes ! Surtout que tous ces sacrifices réunis contribuent efficacement à libérer la France de l'immense dette qu'elle a contractée vis à vis de Dieu !

- Vendredi 12 novembre 1915 -

Ste-Messe à 7 h dans un abri que nous avons pu enfin découvrir. C'est une grande joie, pour moi surtout qui ai été privé du bonheur de célébrer le St-Sacrifice pendant 6 jours. Rien d'extraordinaire dans la journée. Le temps est maussade : il tombe une pluie fine et froide qui détrempe le sol et fait des chemins de véritables bourbiers dans lesquels les attelages barbotent et s'enlisent. C'est affreux ! Notre abri est obscur, on ne peut ni lire ni écrire, c'est abrutissant !

Aux abris de la Baraque.

- Samedi 13 novembre 1915 -


Je pars à 7 h avec la 19 e C nie qui s’en va en réserve aux abris de la Baraque (route de Souain à Tahure). Avant de partir, je célèbre la Ste-Messe. Temps affreux à l’aller. Nos abris sont très mauvais, on y souffre, car il fait froid et il n’est pas facile d’y allumer du feu. Je déniche une petite cagna où je m’installe avec 2 camarades ; on n’y est pas trop mal. La neige se met à tomber. Chapelet le soir en me réchauffant les pieds. Rencontre de quelques jeunes du Bataillon de marche qui sont au 81 e.

- Dimanche 14 novembre 1915 -

Le temps est toujours mauvais. Je me rends auprès de mes confrères, à la tranchée de Hansbourg, pour y célébrer la Ste-Messe. Je regrette de ne pas avoir mon autel portatif pour pouvoir faire bénéficier du St-Sacrifice la C nie où je suis de service. Mais du moins j’ai le bonheur de célébrer un peu ce dimanche. La neige couvre la terre de son manteau blanc. Je passe ma journée dans ma cagna. L’après-midi, je vais faire un tour au peloton de la 19 e qui est isolé : visite aux cagnas boches qui sont en face ( Camp d’Herbelfeld). Elles sont plus ou moins abîmées.
On nous annonce que nous partons probablement demain matin pour aller au repos avec le 5 e Bataillon.


Suite du récit :     Front de Champagne #3.

 
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