Mort-Homme - 5 - 96e R.I. - L'attaque du 20 août 1917 et jours suivants - Mort du Père Eugène DUFEU. - Ernest Olivié - Grande Guerre 14-18

Aller au contenu

Menu principal :

Mort-Homme - 5 - 96e R.I. - L'attaque du 20 août 1917 et jours suivants - Mort du Père Eugène DUFEU.

1917 > Cote 304/Mort-Homme

Page précédente : repos à Fains.


Montée vers le front.

- Samedi 11 août 1917 -

Nous embarquons en auto à 4 h du soir. Pluie battante tout le long de la route. Notre camion nous laisse en panne au plus fort de l’orage. Il faut transborder.

Nous traversons Bar-le-Duc, arrivons à Ippécourt (à 6 Km de la "Voie Sacrée", à l'ouest de Souilly) vers 8 h 30 du soir, avant la nuit. Village à moitié détruit, d’aspect minable.

- Dimanche 12 août 1917 -

Messe vers 7 h. Grand-messe militaire à 9 h 30 célébrée par un de nos aumôniers de corps qui nous fait un splendide sermon. Eglise absolument comble. A 14 h 30 vêpres ; beaucoup d’assistants encore ! M. le curé de la paroisse, qui ne paraît pas d’une gentillesse extraordinaire, a refusé de recevoir notre commandant en popote, et il se montre rigoureux à notre égard sur tout ce qui concerne son matériel d’église.

- Lundi 13 août 1917 -

Départ du 1er Bataillon pour les lignes. Le 3e est arrivé hier au soir au même village. Journée triste, pluie et brouillard. On s’intéresse pour le mieux en jouant quelques parties de cartes. L’offensive subit sérieusement du retard par suite du mauvais temps.


Lettre d’Ernest Olivié à Jean Antoine Estéveny le 13 août 1917

Dans cette portion de lettre, Ernest évoque les dangers encourus par les brancardiers, au même titre que les « camarades combattants ».

Nous ne disposons pas de l’image de la ou des première(s) page(s).      


 … me donne la grâce et les forces pour faire tout mon devoir de soldat et de prêtre. Notre moral à tous est excellent : si tout marche bien, préparation d’artillerie et le reste.


Je crois qu’on fera du bon boulot : mon bataillon a les honneurs de la 1ère vague. Nous suivons (les brancardiers) chacun notre compagnie : par conséquent nous serons exposés aux mêmes dangers, aux mêmes surprises que nos camarades combattants. C’est ce que je préfère, car ainsi on ne pourra pas nous traiter d’embusqués : voilà mon cher où en sont les choses au moment où tu coules de si douces heures : c’est la vie ! Je n’en suis pas jaloux, crois le bien. Chacun à son tour ! La guerre sera encore assez longue sans doute pour que tu puisses y prendre encore une large part.

Tu m’excuseras de ne pas t’écrire plus longuement  pour répondre à tes questions. Ce sera pour après le coup, si j’en reviens. Si je n’en reviens pas, nous en causerons Là-Haut, chez le Bon Dieu quand nous y serons tous deux. Je ne t’oublie pas dans mes pauvres prières, au St-Autel surtout. J’ai vu hier Labadie et Pascal : ils doivent revenir ce soir : leur régiment est à 3 Km de chez nous.

Je t’embrasse fraternellement en N.S.   E. Olivié
 


- Mardi 14 août 1917 -

Rien de spécial à noter. Nous devrions partir aujourd’hui. Départ retardé de 48 heures. Que Dieu soit béni ! Nous pourrons ainsi fêter l’Assomption ici : c’est une grande grâce pour nous tous. Beaucoup de confessions dès ce soir.

- Mercredi 15 août 1917 -
Assomption

Très nombreuses communions aux diverses messes de la matinée. Affluence considérable à la grand-messe et aux vêpres. Marie sera sûrement contente de nous.

- Jeudi 16 août 1917 -

Le temps redevient beau. Le 143e vient cantonner dans le village. J’y retrouve mon confrère l’abbé Gavalda. Notre départ est encore retardé de 24 heures.

Aux Clairs-Chênes.

- Vendredi 17 août 1917 -

Cette fois-ci, je crois que nous allons bien partir. A 6 h, on se met en marche sous un soleil radieux et aussi sous une épaisse colonne de poussière : 16 km environ nous séparent des Clairs Chênes où nous allons camper. Pas trop de fatigue. Mal logés en arrivant comme toujours.



- Samedi 18 - dimanche 19 et lundi 20 août 1917 -

Sainte Messe vers 9 h à la petite chapelle du camp.
Les préparatifs de départ durent  bien toute la journée. Ce sont bien des journées d’épreuve qui commencent : on le sent bien aux préparatifs que l’on fait et malgré tout on est content. La confiance de nos chefs devient la nôtre.

L'attaque du 20 août 1917.  ( Liens vers  site du Chtimiste et Wikipédia.   )

Nous partons à 20 h 15 pour les lignes, tandis que notre artillerie fait rage de toute part. Nous n’arrivons aux 1ères lignes qu’à 9 h 30 du matin. Nous passons une vraie nuit de martyre sous le poids énorme de notre chargement, nos épaules sont affreusement endolories. Pas d’abri en arrivant, il faut s’installer dans la tranchée sous le feu de l’artillerie boche. La nôtre fait toujours rage. C’est un vrai pilonnage qu’elle exécute sur tout le terrain à prendre et au-delà. Enfin la journée atrocement longue s’écoule quand même et la terrible nuit au bout de laquelle nous devons attaquer… Nous recevons du gaz de nos obus que le vent ramène chez nous, cela ajoute encore à nos misères.

L’attaque doit avoir lieu à 4 h 30 (heure H). Dès 3 h, tandis que nos canons hurlent à loisir, nous nous entassons dans la tranchée de départ. On ne se sent pas en sécurité, car les Boches commencent leur barrage.

Notre compagnie n’a pas de perte cependant, mais les compagnies voisines en ont. Enfin à l’heure marquée, commandant en tête, nous franchissons le parapet et avançons lentement, tandis que devant nous le tir de barrage nous couvre d’un épais réseau de fer infranchissable. Nous passons ainsi la cote 265, première crête, la crête de Mort-Homme couronnée par la tranchée de Silésie et nous arrivons à la tranchée de Postdam, notre objectif.
Là, nous devons attendre que le 3e Bataillon passe devant nous pour aller occuper la tranchée en avant, dernier objectif pour le régiment. Mais on se laisse entraîner par l’ardeur de notre chef de bataillon. Malheureusement, notre artillerie continue à battre le terrain, et par nos obus, plusieurs hommes sont atteints. Une heure après, le terrain étant assez bien balayé, le 2e Bataillon s’engage et va, sans trop de mal, occuper la tranchée en face.

On jalonne les lignes avec des fanions blancs afin que les avions puissent fixer nos lignes ; puis, vite, on creuse. Nous commençons l’évacuation des blessés, ils ne sont pas trop nombreux.
J’apprends avec terreur la mort de notre cher père Dufeu, tué par un éclat de 75 (donc, il a été tué par un canon français). Il est bien mort, quand je retrouve son corps. Quelle perte cruelle pour nous tous !
Les prisonniers affluent en grand nombre : c’est très intéressant de voir la tête de ces pauvres vaincus. Ils ont tous des airs minables, beaucoup sont pris par les gaz. Devant ces pauvres êtres humains de chair et d’os, intelligents, quand ils sont désarmés on se sent plutôt pris de pitié et volontiers, on leur fait part de petites douceurs que l’on peut avoir en sa possession. J’ai constaté que la grande préoccupation à tous était d’emporter le plus de victuailles possibles, du pain surtout ; on a dû leur dire chez eux que nous mourrions de faim… Tous ont l’air bien satisfait et ils le manifestent par des gestes très chaleureux et des poignées de main auxquelles on se prête assez aisément. Les officiers

gardent toujours leur morgue et leur raideur. Le contrôle de ces prisonniers se fait très rapidement au bureau du commandant. On les expédie vers l’arrière en groupes, leur artillerie les bombarde rageusement quand ils arrivent à la tranchée de Silésie en arrière de nous. Plusieurs sont ainsi blessés par leurs frères d’arme, c’est bien terrible.
Entre-temps, j’assiste les blessés et les mourants ; puis nous commençons la relève des blessés que nous transportons à la tranchée de Silésie, tandis que nos camarades organisent la tranchée en hâte. Les Boches ne nous bombardent guère, ils doivent bien être dans le désarroi, la nuit est encore assez calme. Mais par son tir très violent, notre artillerie ôte toute velléité de contre-attaque. Elle déclenche sur les Boches des tirs de barrage épouvantables par intervalles réguliers, et sur la demande des troupes de lignes, par fusées signaux de 6 étoiles.

Extrait de l'ordre de la 31e Division d'Infanterie N° 274 du 25 septembre 1917.

Olivié (Albert, Ernest), soldat de 1 ère Classe, de la 5 e Compagnie du 96 e Régiment d'Infanterie (brancardier).

"Le 20 août 1917, pendant l'attaque du bataillon, s'est prodigué sans compter sur un terrain battu par l'artillerie ennemie.
Au front depuis 28 mois, a toujours fait preuve, en toutes circonstances, d'un dévouement et d'un mépris du danger au-dessus de tout éloge".


- Mardi 21 août 1917 -

Rien de bien sensationnel dans notre secteur. Chez les voisins de droite et de gauche, c'est moins calme, mais on ne peut pas savoir de quoi il s'agit. Tout au long du jour, les Boches cherchent à nous atteindre dans notre tranchée. Mais nous avons pu l'approfondir beaucoup, et nous y sommes à peu près en sûreté. Toujours pas d'abri : tout le monde, le Commandant au milieu de nous, couche dans la tranchée. C'est même un encombrement indescriptible. Heureusement que le temps est au beau.


- Mercredi 22 août 1917 -

Nous sommes encore assez copieusement arrosés de projectiles pendant la journée, et malheureusement ils nous font des victimes, 5 tués du régiment, 2 tués du 2 e Génie et plusieurs blessés. Décidément, c'est une journée néfaste.

Notre P.S. s'établit dans le tunnel, mais nous restons tout de même dans la tranchée. Le major seul et un infirmier y logeront pendant la nuit. Quelle merveille ce tunnel si long et très large, solidement étayé, éclairage électrique, voie de Decauville au milieu ! (Probablement, le Tunnel du Konprinz, près de Cumières-le-Mort-Homme). De distance en distance, des cuisines avec de grosses chaudières, où le "rata" mijote encore. Les postes de secours, les chambres spéciales pour officiers y sont richement aménagées. Là-dedans, je comprends que les Boches se crussent imprenables. Malheureusement pour eux, un de nos 400 a écrasé la moitié de la voûte. Quelle puissance ces engins, car l'épaisseur de cette croûte terrestre est bien au moins de 20 mètres.


- Jeudi 23 août 1917 -

La Cote 304 a résisté à l'assaut de la division voisine. Nous l'avons encerclée. Les Boches y tiennent encore, mais ils seront vite réduits. Le bombardement est plus intense de ce côté-là.


- Vendredi 24 août 1917 -

A 4 h 30, attaque sur notre gauche. La résistance de la Cote 304 avait empêché les troupes d'attaquer, d'atteindre leur objectif, elles y arrivent ce matin : nous suivons leur progression grâce aux fusées et aux tirs de barrage. Une grosse marmite ensevelit 8 des nôtres dans les tranchées. Nous en dégageons 6 qui sont tirés de danger. Malheureusement, 2 restent ensevelis et sont sûrement morts. Nous les dégageons immédiatement : ils ont la tête broyée. A la 7e Compagnie, deux autres tués. Nous ne serons pas relevés ce soir. Au contraire, on voudrait nous faire monter en 1re ligne pour relever le 2e Bataillon. Le Commandant ne veut rien savoir.



Extrait de « Mourir à Verdun »  de Pierre Miquel. (pages 302 et 303) : On se battrait encore longtemps devant Verdun, pendant une partie de 1917 et même au-delà. Après la récupération du fort de Vaux, il faudrait une autre offensive pour reprendre en décembre le bois de Caures et revenir à la ligne du front du 21 février 1916. On livrerait ensuite une longue bataille pour libérer sur la rive gauche le Mort-Homme, la cote 304 et Avocourt. La région de Verdun ne serait véritablement à l’abri des attaques de l’ennemi qu’en septembre 1918, après l’offensive américaine qui dégagerait le nord de la Meuse.



- Samedi 25 août 1917 -

Journée assez calme. Nos avions gardent les airs toute la journée. Les journaux nous apprennent les détails sur l'attaque du 20 ou des jours suivants, qui nous étaient inconnus, quoique se passant sur des points bien rapprochés de celui où nous sommes ! La Cote 304 a résisté en partie à l'attaque du 20. C'est le 23 seulement que nous l'avons réduite, et que sur ce point nous avons poussé l'avance à 2 km en avant, jusqu'au ruisseau des Forges, en faisant une centaine de prisonniers et plus.


- + Dimanche 26 août 1917 -

J'aurais bien voulu célébrer aujourd'hui le St-Sacrifice, mais je n'ai pas trouvé de moyen pratique qui me le permette aisément. J'offre à Dieu ce nouveau sacrifice. Dans la soirée, la pluie - l'affreuse pluie- se met à tomber, inondant les boyaux et nos niches, creusées dans le parapet de la tranchée. Elle vous prend partout et devient singulièrement gênante.

Par comble de malheur, pas question de relève. Nous nous énervons déjà, car on nous avait

bien promis que ça ne durerait pas longtemps. Dans la nuit, nous devons apporter un malade jusqu'à la Place d'Armes. Nous rentrons vers 3 h du matin.

- Lundi 27 août 1917 -

Vent violent et pluie. A la tombée de la nuit, alerte ! Notre artillerie exécute un tir de barrage terrible. Nous ne pouvons pas partir en 2e ligne. De quoi peut-il bien s'agir ? Bientôt du reste, tout rentre dans le calme. Le 3e Bataillon est relevé ce soir pour aller à l'arrière où il sera passé en revue par le général Pétain lui-même


- Mardi 28 août 1917 -

Rien de spécial. Le beau temps règne pendant une grande partie de la journée. Pas un blessé à la compagnie.

- Mercredi 29 août 1917 -

Le 3e Bataillon va partir ce soir pour aller passer une revue devant le général Pétain. Il nous dame le pion, car en principe c’était le bataillon d’attaque qui devait y participer. On a pris le bataillon qui était le moins utile, puisque le 3 e était en réserve, mais c’est aussi celui qui a fait le moins de travail. Tout n’est que surface, ici comme en beaucoup d’autres endroits.
Pas de casse, grâce à Dieu.

- Jeudi 30 août 1917 -

On nous fait appuyer dans la nuit sur la droite, on nous dit que c’est pour prendre les positions telles qu’elles doivent être occupées par les régiments qui, paraît-il, doivent nous relever ce soir. Pour nous, c’est le 143e de la 39e Division. Sur la droite, nous sommes en cagna, c’est bien la première fois depuis 12 jours. Je n’y reste d’ailleurs pas, car c’est infect. Journée calme chez nous, malgré quelques obus tombés à proximité. La relève arrive vers minuit. Les obus nous accompagnent jusqu’au ravin de Chattancourt ; par bonheur personne n’est touché : on est bien contents, surtout quand on se sent à peu près hors de portée des obus. On retrouve sa joyeuse humeur, son entrain, toute sa verve.

Aux Bois Bourrus.

Vers 3 h du matin, nous arrivons au Bois Bourrus (abri de Picardie) où nous devons passer quelques heures de repos.



- Vendredi 31 août 1917 -

Soupe en arrivant au Bois Bourrus. Sommeil réparateur jusqu’à 7 h. On gèle dans ces abris, car nous sommes tous sans couvertures. A 8 h, nouveau bond en avant. Cette fois-ci, les autos viennent nous prendre à l’entrecroisement de la route de Sivry et de Fromeréville. Nous restons 2 h à les attendre sous une pluie battante : pas un ne se plaint.
A midi en route, direction Bar-le-Duc. Nous retournons à Fains. Quelle chance ! Nous y étions si bien que tout le monde aspirait d’y revenir. Nos vœux sont exaucés.

À Fains.

Nous y arrivons vers 4 h (du soir) après un voyage pénible, mais personne ne l’a trouvé ennuyeux. Nous sommes bien accueillis à Fains, où nous connaissons déjà beaucoup de gens. Je vais saluer le Bon Dieu puis M. le Curé et le restant de la soirée se passe à faire un premier nettoyage.

- Samedi 1 er septembre 1917 -

Le 1er Bataillon arrive vers midi. Offices de demain à l’heure habituelle.

- + Dimanche 2 septembre 1917 -

Je célèbre la grand-messe militaire. M. le Curé veut bien prendre la parole. Moins de monde que d'habitude. Les pertes sont sensibles... et surtout j'ose dire à l'église, car ce sont les meilleurs qui sont pris par le Bon Dieu. Vêpres à 3 h, soirée passée avec les séminaristes.


- Lundi 3 septembre 1917 -

Très belle journée dont on profite pour faire lessive et travaux divers. Nous apprenons que notre séjour à Fains va prendre fin ; nous allons continuer notre repos ailleurs. Cela va emmener encore un bouleversement désagréable. On ignore totalement notre nouvelle destination.


- Mardi 4 septembre 1917 -

La journée se passe à faire les préparatifs : c'est peu intéressant. On s'était installé, il faut tout quitter. Quel exercice de détachement des biens de ce monde ! Notre bataillon doit embarquer demain, on ne sait à quelle heure.
La journée est magnifique, la nuit splendide. Vers 9 h, la sirène de Bar-le-Duc signale la présence d'un avion boche. Nous entendons le bruit de ses moteurs. Nous entendons aussi, hélas, l'éclatement des bombes que successivement de nombreux avions ennemis viennent lancer sur la ville ; jusqu'à minuit cela dure. C'est la première fois que j'assiste de si près à un bombardement d'avions, c'est bien sinistre. Demain nous connaîtrons le résultat de cet acte de piraterie qui révolte tout homme sensé.


Mercredi 5 septembre 1917 -

Sainte Messe vers 6 h 30. J'expédie par la gare quelques objets encombrants. Notre bataillon part d'ici à 6 h du soir pour embarquer à Revigny(-sur-Ornain) à 24 h. Visite à M. le curé de Fains dans la journée. C'est un homme charmant, un confrère idéal, je suis navré de le quitter.
A 12 h, on part avec le chargement complet. Nous avons au moins 14 km à franchir (vers l’ouest), qui plus est nous partons dans la direction de Varney, par conséquent, nous allons repasser à Fains en chemin de fer ; il eût été plus simple, semble-t-il, de nous faire embarquer en avant de Fains, et non en arrière. Mais il faut croire que ce qui parait si simple à nos yeux est tout de même fort complexe quand il s'agit de déplacement de toute une division surtout.

Nouvelle complication, arrivés à 800 m à peine de la gare de ...... nous entendons de nouveau le ronronnement des avions boches. Ils vont directement sur la gare où ils lancent plusieurs bombes ; ils en sèment ensuite quelques-unes le long de la voie ferrée que nous longeons nous-mêmes, l'une d'elle blesse mortellement un de nos mulets. On nous fait aplatir tout le long de la route,

la nuit est si claire que les horribles oiseaux de proie pourraient bien apercevoir notre colonne.
Un cycliste vient annoncer le résultat du premier bombardement : il est terrible, 22 chevaux tués, 6 soldats tués et une quinzaine de blessés, les 4 premières bombes seules ont fait tout ce carnage. C'est surtout le 3 e bataillon qui était au quai d'embarquement et qui a subi cette cruelle épreuve. La voie était coupée en plusieurs endroits, le 3e bataillon ne peut pas partir pour nous céder la place. Nous allons donc coucher dans un bois voisin où nous sommes à la belle étoile en attendant le jour.

- Jeudi 6 et vendredi 7 septembre 1917 -

A 5 h, nous gagnons la gare où nous attend le train. Effet terrible des bombes constaté. Quai démoli complètement, rails soulevés et tordus, wagons brisés, chevaux déchiquetés : c'est affreux à voir.



Suite :
Départ pour l'Alsace.


 
Retourner au contenu | Retourner au menu