Récit d'une traversée des Pyrénées
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Haute Randonnée Pyrénéenne (HRP)
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Vendredi 29 août 2003 :

Cabane de Pinatell (1650 m) à Col de la Cirère (1733 m) à Amélie les Bains (220 m)

Synthèse de l'étape.

Traversée d'une région aux nombreux vestiges de mines de fer. Descente sur Amélie-les-Bains, LE point bas de la HRP (hormis ses deux extrémités, bien sûr). Comme prévu, Philippe le Grand quitte l'équipe. Arrivée de Monique, qui va assurer la logistique quotidienne des trois dernières étapes.

Récit détaillé.

Alors que jour n'est pas encore levé, Philippe l'Ancien est victime d'une mésaventure inattendue, qui ne manque pas de piquant(s).

Les Abeilles.

L'heure était matinale et rares les taillis.
Dans la pente forestière attenant à l'Abri
Je cherchais un lieu sûr pour un besoin pressant.
L'ombre du sous-bois rendait le pas hésitant
Car sur le sol s'étalaient, sans ménagement,
Troncs d'arbres et branches mortes, tels des gisants.

Soudain un bourdonnement arrêta mon élan.
Le calme était rompu et j'eus le sentiment
D'un danger éminent. Il fallait réagir
Car dans mon esprit revenaient des souvenirs.
Je venais inconsciemment de mettre en émoi
Un essaim d'abeilles caché dans quelque vieux bois.

Déjà plusieurs insectes volaient autour de moi.
L'alerte était donnée, je n'avais plus le choix.
Vite je fis demi-tour, entraînant dans ma fuite
Les plus agressives de ces petites bêtes maudites.
Certaines réussirent, malgré mon vêtement,
D'injecter leur venin avec leur piquant.

Quatre cents mètres plus loin je me crus libéré
Pour enfin soulager mes intestins chargés.
Alors profitant de mes arrières découverts
L’un de ces articulés relança la guerre,
Et sur l’un de mes pendants enfonça son dard.
La riposte fut rapide et n'eut aucun retard,
Entre mes doigts vengeurs la bestiole écrasée
Mourut sans une plainte avant d'être jetée.

Des renforts arrivèrent, il me fallait faire vite,
Leur fin odorat avait permis la poursuite.
Laissant entre les pierres l'odeur de ma présence
Je revins au refuge avec moins de méfiance.

Un onguent bienfaiteur soulagea mes douleurs.
Des sept ou huit piqûres j'en fus quitte pour la peur.
Drogué par le venin et d'un pas plus serein
Je trouvais mes amis près d'un ruisseau, plus loin.

C'est la seule agression pendant cette Haute Route
D'une faune sauvage que parfois l'on redoute.
Les ours restèrent discrets et les serpents aussi.
Un renard apparut, bien seul, mais pas la nuit.
Les marmottes nombreuses ne jetaient que des cris,
Et les isards en fuite nous croyaient ennemis.

L'un d'eux sur le terrain paraissait endormi,
Il était mort, bien sûr, et pas encore pourri.
Quant aux sangliers qui pullulent dans ces forêts
Nous en vîmes un mourant aux abords d'une haie.
Entouré par une meute, il était condamné.
Les vautours ont plus de chance, ils sont protégés.
Un chat sauvage, une nuit, miaula impunément.
Mais là s'arrête la liste, il en était bien temps.

Et pour mieux terminer ce poème anodin,
Je cite d'un fabuliste à l'étonnant destin,
Ce proverbe très connu, évoqué parfois :
"On a souvent besoin d'un plus petit que soi".
Auquel j'ajouterai pour l'avoir éprouvé :
"Des plus petits que soi il vaut mieux se méfier".

Musa

En moins d'une demi-heure, les trois comparses atteignent la M.F. de l'Estanyol. Cette solide bâtisse est ouverte. Assurément, la nuit aurait été plus douce ici. Étonnement de voir qu'une voiture de tourisme est parvenue à grimper jusqu'au gîte.

La nuit n'ayant pas réussi à calmer les ardeurs des deux mycologues, plusieurs petits cèpes sont déjà au fond d'une poche en plastique.

Jusqu'au Col de la Cirère, 260 mètres plus haut, Yves et Philippe vont continuer à fouiner. L'autre Philippe, réfractaire à ce genre de plaisir, et sans doute dopé par le venin des hyménoptères en folie, fonce sans s'arrêter jusqu'au col (où les champignons seront donnés de bonne grâce aux deux jeunes "voisins").
Au Col de la Cirère

Nous voici à présent au pays des anciennes mines de fer.

Déjà, lors de la montée vers le col, apparaissaient parmi les arbres de grands bâtiments abandonnés. Et sitôt le col franchi, on se trouve au milieu des mines : galeries où s'abritent les moutons, plates-formes, remblais, débris divers.

Maintenant et pendant les heures suivantes, l'esprit est tiraillé par deux impressions antagonistes. D'abord l'émerveillement devant les immenses panoramas vers la vallée du Tech ou vers la plaine et le littoral. Ensuite, la nostalgie et la tristesse devant tous ces vestiges d'une époque bien révolue, l'époque des mineurs, ces gens qui étaient si fiers de leur dur métier.

Pour continuer la descente, il serait plus court d'aller tout droit vers la Tour de Batère. Mais Yves a envie de passer par le gîte de Batère, étape habituelle de la HRP. Il souhaite revoir les propriétaires du gîte que les hasards de la vie lui ont fait connaître et apprécier.

Trois quarts d'heure après la pause café, les trois gaillards arrivent à la Tour de Batère, magnifiquement perchée sur une crête.
À droite, le Vallespir, haute vallée du Tech. À gauche, l'immense plaine du Roussillon, et la Mer Méditerranée qui aujourd'hui est bien visible (hier, du sommet du Canigou, elle était cachée par une brume de chaleur).

Vers le nord,
les contreforts boisés du Canigou.
C'est cette même crête qu'il reste à descendre pour rejoindre Amélie-les-Bains, 1200 mètres plus bas.
Le souvenir le plus vivace de cette longue descente reste la visite du village minier de Formantère, totalement abandonné. Les vestiges de murs envahis par la végétation y bordent une voie rectiligne et plate, bien sûr déserte.

L'itinéraire avant Amélie-les-Bains n'est pas toujours évident. Flair, intuition et chance sont d'un bon secours.

Toujours est-il qu'aux premières heures de l'après-midi, a lieu comme prévu le rendez-vous avec Monique. Et c'est ici, sur les bords du Tech, que se termine l'équipée à trois. Demain matin vers 6 h, Philippe le Grand prendra le bus jusqu'à la gare de Perpignan.

D'ici là, il convient de fêter dignement la réussite de ce tronçon l'Hospitalet - Amélie les Bains, parcouru à trois dans la bonne humeur. Et c'est donc autour d'une table de restaurant que les quatre Niortais terminent leur soirée.

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Réalisation du site : Yves FOULQUIER.
Textes du récit :Yves FOULQUIER et Philippe POUSSOU.
Poèmes : Philippe POUSSOU.