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Vendredi 27 juin 2003 : Mounicou (1087 m) à
Port de Rat (2540 m) à
Refuge Sorteny
Depuis 3/4 d'heure, Philippe et Yves marchent dans le brouillard. Ils ont parcouru les deux kilomètres de route goudronnée, puis ils se sont attaqués aux lacets de la piste qui se hisse jusqu'au faîte du barrage de Soulcem.
Tous feux allumés, une petite voiture les double poussivement. Ils font signe. Elle s'arrête. Ce sont deux jeunes Ariégeoises de 20 ans, étudiantes à Toulouse, qui ont programmé une "randonnée d'entraînement" en ces premiers jours de vacances. "Où allez-vous ?" demandent-elles. "Le plus haut possible !" répond Yves. Les deux hommes se tassent tant bien que mal à l'arrière du petit véhicule, les sacs à dos sur les genoux.
La conversation s'engage vite sur le barrage de Soulcem. C'est lui qui avait provoqué la venue en Ariège du chauffeur encore bébé, car son père avait participé au chantier de ce barrage "écologique", fait de terre et de cailloux. Elle s'arrête pour montrer le système original de trop-plein, une "tulipe" en béton située assez loin du barrage.
Yves s'épanche lui aussi en racontant ses souvenirs de juillet 1982.
En route vers le Pic de Médécourbe, frontière des trois pays, dont il voulait faire l'ascension en solitaire, il avait profité de ce que le chantier soit arrêté en fin de semaine pour rouler en voiture dans le fond du futur plan d'eau. La piste, bordée de nombreux camions à l'arrêt, était aussi longue, large et plate que la plus grande piste d'un aéroport.
Photo d'archives du 10/07/1982. Chantier du barrage de Soulcem, Þ vu du Pic de Médécourbe (2914 m).
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C'est au cours de cette conversation qu'il est dit que le rhododendron est une nuisance écologique.
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Parking des Orris de Carla, terminus de la section autorisée aux véhicules. Les deux randonneuses ont tôt fait de disparaître aux yeux des anciens. |
Les Orris de Carla ont été restaurés. Devant chaque entrée, il y a un panneau signalétique, probablement dans un but pédagogique en liaison avec le "sentier d'interprétation" tout proche de là. |
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Longue marche dans la vallée quasi horizontale, orientée plein sud, où des troupeaux de chevaux tout noirs sont les seuls signes de vie. Ensuite, un sentier étroit permet d'éviter les lacets de la piste. Quand celle-ci se termine, on trouve les traces d'un ancien chemin muletier qui, en pente douce, vous mène gentiment jusqu'au Port de Rat (2540 m).
Entre-temps, Philippe et Yves s'étaient hissés au-dessus des nuages et, se retournant, ils avaient pu s'extasier sur les panoramas qui s'offraient enfin à leurs yeux :
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sauf erreur, dans le fond à droite, la Pique d'Estats (3143 m) et le Pic de Montcalm (3077m) ; |
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l'autre côté de la vallée de Soulcem, vers le Pic de Médécourbe.
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12h45. L'arrivée au Port de Rat.
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Le côté andorran du col manque totalement de charme, d'autant plus que le mauvais temps revient. La montagne est défigurée, balafrée par la station de ski d'Ordino-Arcalis.
Le tonnerre se faisant entendre, Philippe et Yves rejoignent rapidement une piste horizontale de 20 mètres de large (!), et ils la suivent jusqu'à un grand parking où fonctionne un téléphérique allant vers les Estanys de Tristaina et le Port de l'Albeille (voie normale de la HRP).
Yves se dirige aussitôt vers les automobilistes. Les premiers auxquels il s'adresse acceptent avec plaisir une prise en charge jusqu'à El Serrat. C'est un couple de Bordelais, habitué à passer ses vacances en Andorre, et qui randonne beaucoup. Leur accueil est des plus chaleureux. Ils voudraient faire partager à leurs nouveaux amis leur amour des montagnes andorranes.
Apprenant que le but de l'étape est le refuge Sorteny, ils proposent d'y monter en voiture, car ils savent qu'une nouvelle route goudronnée conduit à moins d'un kilomètre du refuge. Le monsieur, qui annonce ses 74 ans, est tout heureux de se harnacher avec un des sacs à dos pour en évaluer le poids. Il fait savoir aussi, hélas, que le téléphone portable de Yves ne fonctionnera pas en Andorre. Faisant confiance à son fournisseur, Yves ne s'était même pas posé la question.
Au moment des adieux, le monsieur se ravise, sort de sa voiture, et va chercher une bouteille avec un bon reste de porto qu'il donne en souvenir.
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À 15 heures, voilà nos deux gaillards déjà à l'abri des premières gouttes de pluie, à l'intérieur d'un grand refuge dont, encore une fois, ils vont être les seuls occupants. Ce refuge ne possède qu'une seule et immense pièce ouverte. Tout le mobilier est métallique et pesant, il ne sera pas volé. |
Pendant une bonne partie de l'après-midi, il pleut. Bien abrités, Yves et Philippe se félicitent d'avoir vécu ce jour de chance, qui leur a permis de faire un grand pas en avant, tout en rencontrant des personnes charmantes.
Refuge Sorteny (1970m). Þ La bouteille de porto est au frais dans l'abreuvoir où coule une source.
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Petite anecdote amusante dans la nuit : les deux compères sont réveillés par le bruit d'une jolie souris aux trois couleurs (grise, blanche et fauve), en train de grignoter des chips. C'est probablement un lérot.
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Réalisation du site : Yves FOULQUIER.
Textes du récit :Yves FOULQUIER et Philippe POUSSOU.
Poèmes : Philippe POUSSOU.
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