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Récit d'une traversée des Pyrénées
via la
Haute Randonnée Pyrénéenne (HRP)
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Lundi 1er juillet 2002 :
Montarruegos à Refuge de Viados à Refuge d'Estos

 

Synthèse de l'étape.

Très longue journée de marche, de 8 à 19 h, permettant de revoir deux refuges connus, Viados et Estos, et de faire connaissance avec un col, le Port de Gistain. Mais l'effort va se payer cher : dans la soirée, Philippe et Yves décident d'arrêter.

Dénivelé positif : 1245 m. Dénivelé négatif : 1315 m.

Récit de la journée.

La nuit a été humide. Une fois de plus, les tentes sont trempées. Après chaque bivouac, deux heures sont nécessaires entre le lever et le départ.

8h. La marche débute par un sentier en légère descente. Après avoir traversé quelques bosquets de conifères et quelques clairières où fleurit la gentiane jaune, on passe près d'une solide cabane sur un mamelon (1890 m). Cet abri aurait été tout à fait convenable pour la nuit, bien qu'il n'y ait pas d'eau à proximité immédiate. Tant pis.

Une piste nouvellement construite parvient jusqu'ici. La HRP, qui est aussi le GR11, suit la piste en s'autorisant quelques raccourcis. Après un point bas à 1820 m, on remonte vers le Col de Las Collas (1851 m).

On arrive alors dans la haute vallée de Gistain, zone de pâturages étendus, avec des granges disséminées. La HRP traverse un hameau : les Bordas (i.e. granges) de Lister. Là aussi, il aurait été possible de passer la nuit dans une belle cabane.

Plusieurs bâtiments sont superbement restaurés ou en cours de restauration. Ici comme partout ailleurs en Aragon, les anciens villages abandonnés renaissent à une vie nouvelle. Il faut s'en réjouir.

Jusqu'au refuge de Viados, le parcours est facile, car il emprunte constamment une piste. Mais la facilité supposée procure par contrecoup une impression de longueur.

Après un raidillon fatigant, on débouche au-dessus du refuge de Viados. Yves et Philippe sont contents de retrouver ce gîte où ils avaient naguère séjourné en revenant du pic des Posets.

C'est d'ailleurs parce qu'ils avaient déjà parcouru ensemble l'itinéraire : Refuge de la Soula - Refuge du Portillon d'Oô - Col de Litérole - Refuge d'Estos, qu'ils ont sans scrupule choisi l'itinéraire moins beau mais plus court et inconnu d'eux, par le Port de Gistain.

11h. Refuge de Viados. Bien qu'il soit tôt pour manger, l'accueil est bon et la nourriture appétissante : pour chacun des deux affamés, une omelette, avec tomates et jambon de pays.

Refuge de Viados :
c'est le bâtiment au toit gris,
au bout du pâturage.
Les Granges de Viados, et
le massif des Posets dans les nuages.
11h45. Après une pause excellente pour le moral, c'est un nouveau départ. Le Refuge d'Estos est à 5 heures de marche, selon le topo-guide de la HRP. Et quand on sait que pour ces deux-là, il y a loin de la théorie à la réalité, il vaut mieux qu'ils fassent provision de moral.
Pendant 4 km environ, le sentier remonte le Vallon d'Añescruzes. Il traverse des alpages escarpés. Les herbes sont hautes, les fleurs multiples et variées.
Alors que Yves s'extasie sur ces petites merveilles, Philippe s'intéresse plutôt aux sources ferrugineuses du versant opposé. En 1985, Yves avait connu ce sentier plus dangereux, car il traversait 2 couloirs de roches vertigineuses. Actuellement, la première traversée a été aménagée. La 2ème est évitée, moyennant une grimpette éreintante à toute pente.

La Linaigrette,
de la famille des Cypéracées.
Daphnés.

Après une heure et demie de marche, on parvient dans une cuvette, au carrefour de 3 vallons et donc, au confluent de 3 torrents. Pour la voie normale de la HRP, la France et le Refuge de la Soula, c'est tout droit, au nord. Pour la variante vers Estos par le Puerto de Gistaín, c'est à droite, à l'est.

Dès le début, la montée est très raide. Les organismes supportent bien l'effort car le ciel est couvert de nuages et le vent puissant est froid. La moitié supérieure du sentier est plus clémente : c'est un long vallon peu prononcé, aux lapiez dénudés, clairsemé de névés à la pente faible.
17 h. Puerto de Gistaín (2577 m). Les voici au col, enfin ! Le vent est si violent qu'ils ne peuvent s'y attarder. Un isard solitaire et peu farouche broute à quelques dizaines de mètres.

La descente dans le Vallon d'Estos débute par la grande traversée d'un vaste éboulis recouvrant les flancs de la montagne. Une dizaine d'isards paissent paisiblement parmi les cailloux. Il est vrai qu'à cette heure tardive, il n'y a plus sur ces hauteurs que ces deux retardataires qui viennent de décider de rejoindre coûte que coûte le Refuge d'Estos.

L'herbe retrouvée, le refuge est encore 600 mètres plus bas. Et le sentier est plein de traîtrise, car une succession de courtes montées et de courtes descentes finit par épuiser les dernières forces.
19 h environ. Refuge d'Estos. Subitement, après 3 soirées de solitude, les deux ermites sont plongés dans la foule. Un groupe d'adolescents loge là, plus tous les montagnards et randonneurs habituels. Malgré tout, il y a place pour les derniers arrivés.

Décontenancés par le bruit et l'affluence, Yves et Philippe peinent à trouver leurs marques et à ranger leurs affaires. Le linge qui n'a pas pu sécher la veille au soir est étendu sur des cordes, au grand vent.

Dîner copieux, selon le mode du plateau repas. On crie votre prénom pour servir au guichet. Pour les deux Français, c'est "Íbés", c'est-à-dire Yves prononcé à l'espagnole.

Discussion sérieuse entre Philippe et Yves à la fin du repas. Il faut se rendre à l'évidence : il n'est pas possible de continuer ainsi. Les sacs sont trop lourds, et les articulations trop douloureuses. Il est décidé de rentrer en France, et de rallier l'Hospice de France, via le Port de Bénasque.

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Réalisation du site : Yves FOULQUIER.
Textes du récit :Yves FOULQUIER et Philippe POUSSOU.
Poèmes : Philippe POUSSOU.