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Samedi 16 juin 2001 :  Pic de la Rhune à
 Collado de Esquisaroy
Six  heures du matin.  Chacun entame un rite qui se renouvellera après chaque réveil, et qui atteindra un rodage parfait au bout de quelques jours. Petit  déjeuner et  pliage  des  tentes sont rapidement  expédiés car, à  flanc  de  montagne, la  brume  descend vers  le campement. 
À  7 h 45,  nous  partons.  Dix  minutes  se  sont  à  peine  écoulées  que  les  nuages nous  enveloppent, accompagnés  d'une pluie violente et froide. Yves  fonce  dans  les  fougères et perd  le  sentier. 
Nous  faisons  demi-tour puis repartons  dans  une  autre  direction, balisée cette fois. Nous  descendons le  long d'une  crête,  puis  plongeons  dans  une  vallée  où, après avoir traversé des champs de fougères mouillées, nous  retrouvons  une  route  goudronnée. Nous sommes à 3 km du col  où nous aurions dû arriver directement. Une  heure  de  remontée  sous  la  pluie et par  la  route, en territoire français, afin de retrouver  le bon itinéraire. Encore une erreur de parcours. Et de deux ! 
 
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Si  cette  erreur nous  a  fait  perdre  du  temps  et  effectuer  des  kilomètres  en  plus,  elle  nous  a  permis  de  découvrir,  perdue  dans  les  bois, une  petite  maison  aux  étranges  sculptures.  Sans  aucun  doute  l'habitat  secondaire  d'un  tailleur  de  pierres.
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Au  col  de  Lizuniaga  (230 m ),  le  bar-restaurant  n'est  pas  ouvert.  Nous  nous  mettons  à  l'abri  sous  le  toit  en  toile  de  la  terrasse,  attendant  que  le  gros  des  averses soit  passé.  Il  est  11 h  et  nous  n'avons  pas  encore  commencé  la  deuxième  étape  préconisée  par  le  manuel de Georges Véron. 
À la première éclaircie, nous  repartons en suivant la frontière. Nous apercevons la bourgade  espagnole de  Vera-Bidassoa, 
Par  une  piste passant près d'anciennes  houillères  et s'élevant doucement à flanc  de  montagne,  nous  rejoignons  le  col  de  Lizarrieta  (441 m ). À la  venta  espagnole  nous  complétons  notre  réserve  de  nourriture  et,  comme  il  est  près  de  midi,  nous  en  profitons  pour  manger  sur  place  une  partie  de  nos  achats. "Ce sera toujours ça de moins à porter !". 
Comme  le pain manque toujours,  Yves  échange  du  chocolat  contre  du  pain  avec  un  jeune  et sympathique randonneur  espagnol. Bien  moins chargé  que  nous et "armé" d'un piolet, il suit  le  GR 11, l'équivalent espagnol du GR10. 
Après le col, la  large  piste  que  nous empruntons longe parfois  la  crête et  dessert  les  nombreuses  palombières construites pour les chasseurs. Il y a, semble-t-il, rassemblement dans l'une d'elle. 
 
 
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À la  borne  frontière  n° 50  du  col  de  Nabarlatz  (477 m ),  on  quitte  la  France  pour  aller au plus droit vers les Aldudes, évitant ainsi un long détour par Bidarray, et les crêtes du Col d'Ispéguy.
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Nous empruntons un  sentier  herbeux qui descend au milieu  des  fougères. Celles de l'année précédente ont été coupées, mises à sécher puis entassées en  meules,  qui forment  de  curieux monticules  bruns  éparpillés ici et là  dans le sous-bois.
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L'itinéraire  traversant  la  cour  d'une  ferme,  nous  en  profitons  pour  remplir  nos gourdes  au  robinet  qui alimente un  abreuvoir.  L'eau  est  si  rare  dans  les  hauteurs  de  ces  vallons  qu'il  ne  faut  pas  manquer  les  occasions.  Nous  quittons  la  ferme  sans  avoir  vu âme qui vive. 
De nouveau, nous suivons  le  GR 11 en tournant le  dos  à  la  Rhune que  l'on  aperçoit  au  fond,  sur  les  photos. 
Depuis  le  moment  où  nous  avons  quitté  la  frontière,  nous  restons  sensiblement à  la  même  altitude,  aussi  la  marche  est-elle  plus  facile.  Sur  la  piste  qui  longe  la  crête 
 et  qui  coupe  la  route  du  col  d'Ursua  (540 m ),  une  étonnante  découverte  surprend  Yves : le cadavre d'un  énorme  lombric  de  40 cm  de  long  et  1 cm  de  diamètre. Un ver de terre gros comme un serpent,  c'est du jamais vu. 
Nous  traversons   d'agréables  paysages :  palombières  maçonnées  en  forme  de tour, ferme  abandonnée  dans  un  cadre  de  digitales rouges, arbres  aux formes étranges. 
Aujourd'hui  nous  avons  décidé  de  nous  arrêter  vers  18  heures  afin d'éviter  une  marche  trop  longue.  C'est  donc  au  col  d'Esquisaroy  (516 m )  que  	nous  installons  notre  campement,  à  l'abri  de  la  route  et  des  regards  curieux. 
Après  le  dîner,  nous  prenons  le  temps  d'aller  chercher  de  l'eau à une  ferme située sur la  route, à  500 mètres  du col. De loin, la fermière nous crie d'aller à la source qui alimente les abreuvoirs. Ce soir encore, nous n'aurons personne à qui parler. 
Plus tard, mais aux alentours de 21h, les deux marcheurs s'endorment vite, au son du vent et des clarines d'un troupeau de brebis.  |