Lundi 25 août 2003 Refuge CAF des Bouillouses (2020 m) à
Vallée d'Eyne / Orri de Baix (2040 m)
Synthèse de l'étape.
Merveilleux début de journée au bord de quatre lacs, à la levée du jour. Ravitaillement par Monique à Eyne, en milieu de journée. Soirée épique dans un orri restauré en Vallée d'Eyne.
Récit détaillé.
Grâces soient rendues à l'inventeur de la HRP d'avoir osé rallonger légèrement le parcours, et d'avoir envoyé ses ouailles musarder autour de quatre "étangs" : Racou, Long, Noir et Pradeilles.
Laissons Philippe l'Ancien exprimer l'émotion et l'émerveillement que chacun ressent entre les derniers instants de la nuit et les premiers rayons de l'astre solaire (soyons magnanimes avec le poète, et ne lui reprochons pas de n'avoir vu que trois étangs !)
Les trois Étangs.
Par un petit matin encore plein de fraîcheur
Nous parcourons ensemble un sentier de bonheur.
Il est dans une forêt aux arbres bien feuillus
Où les racines saillantes, difformes et fourchues,
Courent entre les cailloux humides et glissants.
Autant de pièges à notre marche de conquérants.
La prudence est de mise pour éviter la chute,
Car, quand le regard s'élève, souvent le pied butte.
Dans l'ombre de la forêt, miroir sans reflet
L'étang Racou est là, dans un lieu bien secret.
Il est le premier à s'offrir à notre vue.
Le deuxième est plus bas, et d'une grande étendue.
Et entre les troncs d'arbres, le soleil illumine
Un lac que l'on nomme Noir, où s'écoulent des ravines.
Une légère vapeur s'élève du plan d'eau,
L'étang sans aucun doute devient soudain plus chaud.
Le massif du Carlit domine le troisième
Et pourrait pour lui seul devenir son emblème.
Mais l'étang de la Pradeille n'en prend que l'image
Pour n'offrir à nos yeux que son meilleur visage.
Nul ne reste insensible à ses rives solitaires,
Où s'abrite un refuge, bâtisse parfois précaire.
La piste qui se poursuit nous éloigne à jamais
De ces lieux enchanteurs où règne tant de paix.
Musa
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Au premier étang, c'était la pénombre, au deuxième le ciel s'était éclairé, ...
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... au troisième le soleil s'était levé, ...
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... et au quatrième, c'est l'apothéose. Alors que l'on reste à l'ombre, on découvre, subitement et en pleine lumière, le lac, son refuge et le massif du Pic Carlit.
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Cette première heure de marche restera un des bons souvenirs de cette traversée. L'heure suivante est plus banale : suivre une piste forestière quasi horizontale, fréquentée par les VTT et les promeneurs. Sur une piste, on peut marcher de front, ce qui facilite la discussion. Grâce à la présence d'un nouveau compagnon, les sujets ne manquent pas. Le bavardage est devenu fréquent, alors que "autrefois" peu de paroles étaient échangées au cours d'une journée.
Route D618 : on domine soudain le village de Bolquère et le Plateau de Cerdagne, qu'il va falloir traverser pour rejoindre les montagnes de l'autre côté.
Ne parvenant pas à suivre correctement les indications du guide, les trois sans-gêne se dirigent à vue à travers les prairies non fauchées, et franchissent quelques barrières de barbelés.
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Bolquère. À la recherche de ravitaillement, Philippe le Grand investit la petite épicerie, tandis que ses deux compères l'attendent bien sagement, au soleil, à la terrasse d'un café.
Le programme qui suit n'est pas amusant : suivre des routes goudronnées pendant 5 km environ, jusqu'à Eyne.
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Au Col de la Perche, les trois chanceux arrivent juste à temps pour voir passer le Train Jaune et ses wagons découverts emplis de touristes ravis. C'est ici la gare de Bolquère, la plus haute de France : 1593 m.
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Entre le Col de la Perche et Eyne, rencontre joyeuse avec la voiture suiveuse : c'est Monique, accompagnée de ses frère et belle-sœur. Dans le village d'Eyne, le repas est pris en commun en un emplacement approprié. Un petit coup de vin rouge et une tasse de café complètent le plaisir des retrouvailles.
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Le prochain rendez-vous est fixé à Amélie-les-bains, vendredi soir, soit 4 jours 1/2 plus tard. Deux nuits seront passées en refuge gardé, deux autres seront en complète autonomie.
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Notamment la nuit prochaine. Dans la Vallée d'Eyne qu'il faudra remonter dans sa totalité, il n'y a pas d'abri, hormis l'Orri de Baix qui a été reconstruit récemment (2002). Il se situe à 2040 m d'altitude, 500 m environ au-dessus du village. Par prudence, des renseignements avaient été pris auparavant.
Les trois bienfaiteurs accompagnent les trois vagabonds jusqu'à la fin de la piste forestière.
La vallée d'Eyne porte le titre de Réserve Naturelle. Avec de la chance, on peut y apercevoir des animaux très spécifiques.
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| À l'altitude 2000 m, sur le versant ensoleillé d'en face, on devine une sorte de bâtisse, ronde comme un igloo, aux murs de pierres sèches, au toit recouvert de terre gazonnée.
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Il n'y a pas de porte, mais l'entrée est si étroite que les animaux ne peuvent y pénétrer. Heureusement que nos trois gaillards sont athlétiques certes, mais sveltes. Trop larges d'épaules, ou trop ronds de la taille, ils auraient dû coucher dehors.
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Sur le pas de la porte - pardon, sur le pas de l'entrée - est resté le rameau inaugural de genévrier.
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Avant que le soleil ne se cache, chacun descend au torrent pour y faire la toilette quotidienne, et éventuellement la lessive.
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| Yves a bien du mal à collecter de l'eau claire dans un torrent qui se révèle souillé par les déchets …
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En vieux briscards, ils savent qu'il faut traiter l'eau, ou la faire bouillir longtemps.
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Avant que ne vienne la nuit, une séance de reptation leur permet de s'introduire à l'intérieur de l'édifice. Son aménagement intérieur est des plus sommaires et la place tout juste suffisante, du moins en longueur. Des ouvertures ayant été ménagées dans le mur - selon la tradition sans doute - les courants d'air sont permanents.
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Ils en font une drôle de tête, ces deux lascars ! Philippe le Grand est en train de se dire : "Dans quel pétrin me suis-je laissé entraîner ?"
Et Yves, qui est d'un tempérament frileux, dormira peu cette nuit.
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Nota Bene : ne prenez pas ces remarques sur l'orri au premier degré, car si nos trois gaillards ont couché là, c'est en toute connaissance de cause, et l'expérience les a beaucoup amusés. Quant au bâtiment, il a été très bien restauré, en reproduisant fidèlement les modèles d'antan.
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Copyright | |
Réalisation du site : Yves FOULQUIER.
Textes du récit :Yves FOULQUIER et Philippe POUSSOU.
Poèmes : Philippe POUSSOU.
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