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Récit d'une traversée des Pyrénées
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Haute Randonnée Pyrénéenne (HRP)
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Lundi 23 juin 2003 : Alós de Isil à Collado de la Cornella (2485 m) à Lac sup. de Calberante (2490 m)

Départ à 7h15 pour un parcours de 3/4 h sur la piste totalement désertée. Après avoir traversé la rivière sur la passerelle de la Paña (1320 m), on suit une piste à la pente raide conduisant à des bergeries.

Au-dessus, on finit par trouver un étroit sentier qui se faufile dans une végétation touffue. De nombreux églantiers sont en fleurs, mais attention aux épines qui vous agrippent au passage. En plusieurs endroits, la progression est difficile car des avalanches ont couché tous les arbres.

Enfin, après avoir gravi 400 mètres depuis la rivière, Yves et Philippe sortent de la forêt pour atteindre une zone de pâturages, avec une cascade en point de mire.
Les voici au niveau du torrent, le Barranco de Comamala, traversant des zones marécageuses, ...
... franchissant précautionneusement quelque affluent du barranco, puis grimpant à l'assaut des premiers ressauts en longeant la rive droite de la cascade.
Au-dessus de la cascade se trouve un petit lac (2070 m). C'est ensuite qu'il convient de bien s'orienter en prenant le vallon de gauche, vers l'est.

Bien sûr, il n'y a plus de sentier, et quand nos deux aventuriers voient des cairns dans un pierrier, ils se laissent tenter et les suivent. Heureusement Yves a un doute, car ils se dirigent plein sud. Sans avoir perdu trop de temps, ils traversent la montagne à flanc et retrouvent le bon vallon, les bons pierriers.

Col de la Cornella (2485 m). Þ



Après avoir beaucoup transpiré, et dépassé ce qu'ils croyaient être le tout dernier obstacle, ils découvrent enfin le Col de la Cornella, là-haut à 2485 mètres. Fatigués, ils s'offrent une pause repas avant d'attaquer, tout ragaillardis, les pentes enneigées qui les séparent du col.

Estany sup. de la Tartera, et Pic de la Gallina.
Le premier regard est pour le beau spectacle des lacs bleu foncé à demi recouverts de glace.
Estany inf. de la Tartera.
Le deuxième regard est pour les abords immédiats, et on se dit alors que la pente est bien forte. On se sort d'affaire par quelques pas de désescalade, on se faufile ensuite dans la rimaye, entre glace et roche, et enfin, chacun fait de son mieux, en s'aidant des bâtons, pour ne pas glisser.

Peut-être trop rapide, Yves glisse et tombe deux fois, sur le névé et sur le gispet, cette herbe piquante, si glissante quand elle est mouillée et couchée.

Le Col de la Cornella (2485m), et son couloir enneigé.
Traversée du torrent entre les deux Estanys de la Tartera.Þ




Au niveau des deux lacs de la Tartera, le vent est frisquet. À l'abri derrière un gros rocher, c'est la pause café.
Le prochain col, le Col de Curios (2428 m), n'est pas beaucoup plus haut que les lacs. On se dirige vers lui à vue, et sans difficulté si l'on ne craint pas les névés.



Ü Avant le Col de Curios, passage de névé, avec comme fond, la crête de la Serra de Pilas et le Col de la Cornella.
Au Col de Curios, l'œil se régale à nouveau de la vue magnifique sur les Estanys de Calberante et de la Gola. Beaucoup plus bas, dans la vallée, on devine des villages qui vont rester anonymes malgré la carte. Quoi qu'il en soit, ils sont proches d'Esterri d'Áneu et de la Noguera Pallaresa.

Après le col, l'itinéraire remonte un torrent. Au bout d'un quart d'heure, on parvient à un grand replat où s'étale le lac supérieur de Calberante (2490 m), encore partiellement recouvert de glace.

Comme il est 16h30, Philippe et Yves décident de bivouaquer dans ce lieu idyllique bien que frais (ils sont à 2500 m d'altitude). S'abritant tant bien que mal du vent violent, ils montent rapidement leurs tentes, puis vont faire leur toilette au bord du lac.
Cet emplacement de bivouac restera un des plus beaux dans leur mémoire. Dans ce cadre de haute montagne, il leur suffit de parcourir 10 mètres et de s'asseoir au bord de la falaise. Ils peuvent alors contempler à leurs pieds les deux grands lacs et la vallée en enfilade.

Vers une heure du matin, Yves est réveillé par des explosions répétées. Il ne comprend pas que des carrières ou des mines puissent fonctionner à cette heure si tardive. En fait, ce sont les habitants de la vallée qui fêtent nuitamment et longuement la Saint-Jean. On se croit retiré du monde, on n'a pas vu âme qui vive depuis une journée, et voilà que, de la manière la plus sympathique qui soit, le "monde" se rappelle soudain à vous !

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Réalisation du site : Yves FOULQUIER.
Textes du récit :Yves FOULQUIER et Philippe POUSSOU.
Poèmes : Philippe POUSSOU.